Effondrement du recrutement : une catastrophe annoncée et organisée

C’est très tardivement dans l’année que s’est tenu ce premier Conseil Départemental de la Formation (initialement prévu en janvier !). Le SNUDI-FO était présent, et a posé les revendications des collègues (voir déclaration préalable) : les problèmes de remplacement, le concours CRPE repoussé d’un an (à la fin du MASTER 2), le recrutement massif de contractuels, la formation densifiée, la formation « par parcours »...

Compte-rendu du Conseil de formation de la Gironde du 3 mai 2022

On comprend que la question de la formation des professeurs est destinée à devenir à la fois un moyen de mise en place d’un corps unique de professeurs (primaire et secondaire mélangés) et une application des politiques locales (besoins identifiés au niveau local, en partenariat avec les mairies et les acteurs locaux).

Ces évolutions programmées découlent des décisions prises lors du Grenelle de l’Education :

--individualisation des parcours,

--salaire au mérite et à « l’implication » (dans le cadre de PPCR que la FNEC FP FO a toujours dénoncé),

- renforcement de l’autonomie des établissements,

- évaluations et mise en concurrence des écoles. Le quinquennat qui s’annonce ne fera que renforcer ce qui a été induit jusqu’ici.

Depuis cette année, le CRPE est repoussé à la fin du MASTER 2. Les stagiaires lauréats du concours auront donc 2 profils différents à la rentrée 2022 :

- Ceux qui ont un MASTER 2 MEEF (mais aussi les contractuels de plus de 18 mois ayant un MASTER 2 autre) seront 100% en classe avec des modules d’accompagnement et de professionnalisation de 72 h environ répartis sur l’année. L’administration nous assure que ce temps de formation à l’INSPE, sera sur temps de classe et que les FSTG seront remplacés.

Au vu des moyens actuels de remplacement, cet engagement semble difficile à tenir ! La formation pour ces PE FSTG (fonctionnaire stagiaire) est donc réduite à 12 journées. Devenir enseignant ne semble pas nécessiter beaucoup de compétences !

 

- Ceux qui ont un MASTER 2 autre que le MEEF, seront alors 50% en classe et 50% en cours à l’INSPE ce qui correspond à un volume de 250 h de cours dans l’année. Ce « parcours » s’apparente à la formation initiale actuelle que nous dénonçons à chaque CDFD.

L’administration, satisfaite de son enquête sur la formation, réalisée auprès de moins de la moitié des PES en 2021, refuse d’entendre les critiques et les revendications que nous font remonter les PES qui dénoncent une formation chronophage, déconnectée de la pratique de classe et infantilisante.

 

Dernière minute ! Nous venons d’apprendre que les lauréats au 3eme concours en reconversion professionnelle et détenteur d’un MASTER 2 autre, ne pourront pas valider l’obtention du MASTER 2 MEEF à l’issue de leur année de stagiaire à 50 % en classe et 50% à l’INSPE, sous prétexte que rien n’a été prévu pour ces gens au parcours atypique ! Le SNUDI FO33 contactera l’INSPE et soutiendra chacun de ces collègues pour faire reconnaître leur droit à une formation diplômante au même titre que les autres PES.

 

Le nombre de places au CRPE étant chaque année en baisse, l’administration compte sur le recrutement de contractuels pour pallier le manque de professeur. On apprend ainsi que 112 contractuels ont été recrutés au cours de l’année scolaire et que bizarrement 22 ont démissionné ! Le vivier des contractuels commence à se tarir et l’administration reconnait avoir de plus en plus de difficulté à recruter des contractuels.

Comment ça, le métier ne serait pas attractif ? Est-ce la rémunération, les conditions de travail avec la violence de l’inclusion systématique ou le manque de formation qui pousseraient les contractuels pourtant bien motivés à quitter le navire ? Pourtant dans se toute bienveillance, l’administration a tout prévu : « un suivi des contractuels est assuré par les CPC et les CPD du Pôle Formation. Ils ont eu en plus une « Boîte à outils » et « Clés en main » pour les aider à la prise en main de la classe et débuter dans le métier ». Voilà à quoi se résume la formation des enseignants aujourd’hui ! Notons que les contractuels ayant commencé en septembre sont embauchés jusqu’au 31/08 alors que ceux embauchés en cours d’année verront leur contrat se terminer le 7/07. L’administration applique plusieurs niveaux de traitement y compris dans la précarité !

 

C’est aussi ce qu’on propose aux contractuels alternants qui sont étudiants en MASTER 2 MEEF, sélectionnés dans le cadre de commissions de recrutement à la DSDEN. Cette année, l’administration avait réussi à recruter 38 « alternants »… 5 ont démissionné dès le début de l’année ! Pour les autres, ça a été le parcours du combattant avec un « accompagnement » exigent pour une main d’œuvre pas chère, corvéable et malléable à merci.

L’administration nous a annoncé vouloir recruter 210 contractuels alternants pour la rentrée 2022 dans l’académie de Bordeaux : « mais cela dépendra du nombre d’étudiants qui se porteront volontaires ».

Cette ambition, qui génèrerait de grosses économies pour notre administration, risque en effet de se heurter au manque de candidatures des étudiants qui, après cette première année d’essai, mesurent pleinement les difficultés à cumuler le MASTER 2, l’alternance en classe et la préparation du CRPE !! C’est du moins ce qui remontent lors des permanences tenues par la FNEC FP FO à l’INSPE.

 

Une autre information importante nous a été communiquée lors de ce CDFD : ce complément de service low-cost, ne concernera pas que les PEMF puisque les contractuels alternants seront chargés d’effectuer les décharges de direction des écoles de 2 à 3 classes.

On sollicitera donc, cette année, la bonne volonté des directeurs pour accompagner ces jeunes collègues dans leur pratique, sans contrepartie bien évidemment !

 

Le SNUDI FO a interpellé l’administration sur le devenir des rapports du suivi des contractuels alternants : y aura-t-il des conséquences sur l’oral professionnel du CRPE pour les candidats qui auront subi une année compliquée dans leur alternance ? Madame la DASEN nous a assurés que les jurys étaient complètement différents…

Le SNUDI restera vigilant sur le traitement des alternants étiquetés « en difficulté » cette année, lors du passage de l’oral du CRPE. N’hésitez pas à nous alerter si vous êtes concerné le SNUDI FO interviendra pour que l’administration respecte son engagement pris en CDFD.

 

Pour finir ce petit CR, un mot sur les 22 listes complémentaires recrutés au lendemain de la forte mobilisation du 13 janvier. C’est en effet le rapport de force qui a permis de débloquer les listes complémentaires, volontairement oubliées depuis 2014. En Gironde, 12 collègues ont ainsi été recrutés en février. Ils ont eu un semblant de formation pendant les vacances de février (après avoir enseigné pendant une semaine sans aide) et dans sa grande générosité, l’administration leur a attribué une allocation pour compenser ce temps de travail supplémentaire ! A la rentrée, ils auront le même traitement que les lauréats du concours 2022. Ceux qui ont le MASTER MEEF seront à 100% en classe les autres seront à 50% école et 50% INSPE.

Le SNUDI FO n’a cessé de réclamer, année après année, l’ouverture des listes complémentaires en lieu et place du recrutement de contractuels. Cette revendication est plus que jamais d’actualité quand, on sait déjà que, toutes les places au concours (pourtant toujours en baisse) ne seront pas pourvues par les lauréats !

Effondrement du nombre d’admissibles aux concours : une catastrophe annoncée inacceptable ! Organisation en urgence de nouvelles sessions à BAC +3

« Le ministère refuse de donner les chiffres des candidats aux concours… Que cherche-t-il à cacher ? » La publication des résultats des épreuves d’admissibilité aux concours est désormais effective et on constate un effondrement du nombre de candidats aux concours et donc un effondrement du nombre de candidats admissibles !

 

Dans certaines académies le nombre d’admissible est nettement inférieur au nombre de postes offerts au concours (…) Alors que des milliers de classes ont été fermées lors des comités techniques, alors que les personnels manquent cruellement dans les écoles, les établissements, les services, des milliers de postes aux concours ne seront donc pas pourvus !

Pour l'Académie de Bordeaux, en 2021, il y avait 440 admissibles au CRPE externe, ils ne sont que 354 cette année !

 

La situation, déjà intenable, s’annonce donc catastrophique dans les écoles à la rentrée 2022. Cette situation sera d’ailleurs immanquablement utilisée par le prochain gouvernement pour multiplier le recours aux enseignants contractuels, précaires et sous-payés pour continuer à avancer dans l’uberisation de l’École publique…

 

Pour la FNEC FP-FO, il n’y a aucune fatalité à cet effondrement des candidats aux concours. Il y a des mesures précises et connues de tous qui ont provoqué cette situation

- la masterisation des concours à laquelle la FNEC FP-FO s’était opposée

- la réforme Blanquer des concours, avec un recrutement post BAC+5, qui assèche encore plus le vivier des candidats

- le blocage quasi ininterrompu de la valeur du point d’indice depuis 2010 générant un effondrement du pouvoir d'achat des fonctionnaires et donc des enseignants

- la multitude des réformes qui ont dégradé les conditions de travail des personnels et saccagé l’École publique

 

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